26 mars 2010

envolé

Ta chambre est vide est toi t'es un peu mort. Tes murs se dressent comme des paupières closes je ne te vois plus dans les livres de ta bibliothèque, dans tes tiroirs creux, je cherche le sable des grands espaces que tes bottines auraient trainé jusqu'ici mais le plancher brille. Je gratte le sol je te cherche sous les lattes de bois franc dans le post-it que t'as collé sur le thermostat dans la trace de tes doigts sur les clés que tu me laisses.
Tes vestiges se la ferment et pourtant je t'entends respirer, perdu quelque part entre la tache de ton dernier café sur le bureau et le bas resté pris dans le fond de ta corbeille à linge.
Ta chambre et vide et toi tu ne seras plus au combat et ta veste restée sur le crochet me fouette comme une gifle. Le sommeil me semble étranger dans ton lit- les draps lavés ont perdu la mémoire. Dans la fenêtre, le givre de janvier fait ses griffes, l'air froid n'est plus très frais, toi tu ne sais pas, tu traverses l'océan ou un nuage et bientôt ton pied foulera une terre trop lointaine trop brûlante et trop sèche et moi, ici, je pelletterai les averses, dans ta chambre trop vide, pendue au téléphone.

Friedrich

Entre les bouteilles de Wodka et les vapeurs de Kummel, Friedrich penche et pose et prend et perd pied, la tête trop haute, debout sur la table. Il ne parle pas il ne mange pas ne dors pas ne bosse pas ne baise pas ne hait pas il boit il boit il boit au goulot au galon au goujat il boit des barils des barriques des ballons des voisins le visitent et s'assoient à la table et lui danse les pieds sur les mains et la tête aux mollets et les voisins voyeurs lui lancent de grands nénuphars et il boit et ils boivent et les nénuphars s'emplient et eux vascillent Friedrich est homme au coeur brisé une princesse un jour lui a donné un baiser et Friedrich est devenu ce garçon qui danse et qui boit et qui danse et moi qu'il aime encore à en crever je reste dans mon étang sa bouche est trop sèche pour m'embrasser ses bras sont trop grands pour m'aimer alors il boit et il danse et il boit et quand Friedrich est assez fou pour oublier ses grand bras, et quand Friedrich a assez bu pour oublier sa bouche sèche il revient me voir et nous gobons des mouches.