dans le champ juste à côté
deux garçons
en vélo eux aussi
on croyait qu'ils s'étaient fait un abri
près du bosquet de vinaigriers
bibelot poussièreux
carcasse d'un temps
de moi
vestige de rêves innocents
de grandes explorations
de cabanes à cinq étages
de potions magiques
de trésors enfouis
de la boue dans nos bottes
le fond de culotte taché de gazon
une rame flotte dans le pit de sable où la neige a fondu
des restes d'amitiés qui s'accrochent
entre les branches
le vent les emporte avant qu'on les atteigne
et les vinaigrier redeviennent des arbres
leurs grappes rouges redeviennent ridicules
laides
dire qu'on les prenait pour des fleurs.
ils construiront de grandes maisons
et le champ juste à côté
deviendra une rue, une cour, des balançoires,
une terrasse, des lampadaires, des pelouses,
des dromadaires, des continents, des dirigeables,
une piscine et un parc
et tout à coup on se sent ridicule
d'être venu dire adieu à un arbre
qui ne se souvient probablement pas de nous