24 août 2009

Noche en la ciudad

Tu fais du slalom
entre les passants je te suis
semant le tram
et les boutiques qui mendient
au pied de la cathédrale

Séville s'éteint
comme un mégot

Rétroviseur

On roule les fenêtres ouvertes, le vent fait tournoyer les cheveux de Virginie. On ne parle pas. C'est peut-être parce qu'il fait un soleil liquide et que l'Andalousie nous attend de pied ferme de l'autre côté des collines. On a le trac, des papillons dans le ventre en pensant à Albacin et à Pampaneira, où nous serons demain, après-demain. Guillaume pèle les oranges volées dans une plantation sur le bord de la route, l'odeur de la grosse pelure qui se déchire nous parvient par derrière. Les volets des maisons sont clos, il est quinze heure, c'est la sieste.
J'aime tes mains sur le volant. Elles sont la preuve de nos distances, de nos errances et de nos égarements. Sans tes mains on ne serait pas ici - je ne conduis pas manuel.
Dans le miroir je vois tes yeux plissés par le soleil, fixés sur la route blanche. Il n'y a que maintenant qui existe, sur cette route, avec ces deux inconnus sur la banquette arrière, avec ces oranges un peu sèches et ce vent qui ne sent rien, ici, c'est la voiture qui nous garde au sol et je vois dans tes yeux qu'on n'a plus besoin de rêver.

17 août 2009

Retour

dans le champ juste à côté
deux garçons
en vélo eux aussi

on croyait qu'ils s'étaient fait un abri
près du bosquet de vinaigriers
bibelot poussièreux
carcasse d'un temps
de moi
vestige de rêves innocents
de grandes explorations
de cabanes à cinq étages
de potions magiques
de trésors enfouis

de la boue dans nos bottes
le fond de culotte taché de gazon
une rame flotte dans le pit de sable où la neige a fondu

des restes d'amitiés qui s'accrochent
entre les branches
le vent les emporte avant qu'on les atteigne
et les vinaigrier redeviennent des arbres
leurs grappes rouges redeviennent ridicules
laides
dire qu'on les prenait pour des fleurs.

ils construiront de grandes maisons
et le champ juste à côté
deviendra une rue, une cour, des balançoires,
une terrasse, des lampadaires, des pelouses,
des dromadaires, des continents, des dirigeables,
une piscine et un parc
et tout à coup on se sent ridicule
d'être venu dire adieu à un arbre
qui ne se souvient probablement pas de nous