17 août 2009

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dans le champ juste à côté
deux garçons
en vélo eux aussi

on croyait qu'ils s'étaient fait un abri
près du bosquet de vinaigriers
bibelot poussièreux
carcasse d'un temps
de moi
vestige de rêves innocents
de grandes explorations
de cabanes à cinq étages
de potions magiques
de trésors enfouis

de la boue dans nos bottes
le fond de culotte taché de gazon
une rame flotte dans le pit de sable où la neige a fondu

des restes d'amitiés qui s'accrochent
entre les branches
le vent les emporte avant qu'on les atteigne
et les vinaigrier redeviennent des arbres
leurs grappes rouges redeviennent ridicules
laides
dire qu'on les prenait pour des fleurs.

ils construiront de grandes maisons
et le champ juste à côté
deviendra une rue, une cour, des balançoires,
une terrasse, des lampadaires, des pelouses,
des dromadaires, des continents, des dirigeables,
une piscine et un parc
et tout à coup on se sent ridicule
d'être venu dire adieu à un arbre
qui ne se souvient probablement pas de nous

10 commentaires:

  1. J'aime ça. C'est un beau texte de nostalgie (j'aime la nostalgie en littérature!). Je me demande si ça ne serait pas plus encore plus percutant si c'était en prose...? Mais peut-être pas.
    Bon retour!

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  2. J'y ai pensé...Mais en prose, ça a l'air trop..articulé, trop réfléchi.
    Alors que c'est plutôt de l'errance..!

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  3. Très beau texte, nostalgique, mais en mouvement, avec un regard qui avance et boucle un sentiment relié à un lieu et un temps. J'aime aussi sa forme de poème inscrit dans l'oralité. J'y apporterais deux corrections mineures, soient la répétition du mot "redeviennent" quatrième strophe qui alourdit le texte et aussi le mot
    "ridicule", utilisé dans les strophes 4 et 5.

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  4. C'est vrai pour le mot ridicule, mais pour ma part j'enlèverais seulement celui de la quatrième strophe. Même si je comprends l'effet que tu voulais amener (c'est joli mais c'est vrai que ça alourdit un peu).
    Mais tu fais ce que tu en veux... : )

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  5. J'adore le texte.

    Ca sent l'été, les cigales qui chantent, et les grues sur le chantier.

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  6. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  7. Coucou ! J'aime beaucoup la nostalgie du texte, ancrée au présent, dans les odeurs, le toucher. Toutefois, j'ai l'impression que se succèdent des images-clé et du remplissage lyrique. Je ne dis pas que le poème devrait être plus court, mais je crois qu'il devrait être resserré, pour que chaque vers porte sa marque.
    Pour le fun, je vais encore charcuter, avec une méthode de l'Oulipo : garder un vers sur deux (Seulement, je vais choisir les vers, et non strictement garder les 1, 3, 5, etc.)

    ...

    dans le champ juste à côté
    deux garçons

    près du bosquet de vinaigriers
    bibelot poussièreux
    vestige de rêves innocents
    de trésors enfouis

    de la boue dans nos bottes
    une rame flotte dans le pit de sable où la neige a fondu

    des restes d'amitiés qui s'accrochent
    le vent les emporte avant qu'on les atteigne
    dire qu'on les prenait pour des fleurs.


    et le champ juste à côté
    deviendra une rue, une cour, des balançoires,
    des dromadaires, des continents, des dirigeables,

    et tout à coup on se sent ridicule
    d'être venu dire adieu à un arbre

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  8. Ouais, ouais...y a un petit côté ..heu..pseudo, j'ai l'impression, des ellipses qui n'ont pas de portée.
    Mais je sais que ce texte est à retavailler pas mal!
    Merci pour les commentaires!

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  9. Beau texte...
    Je dois avoir beaucoup d'imgagination, on dirait que je reconnais cet arbre.

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