6 juil. 2009

cassure


La maison sombre est écrasée par le ciel. Dans ton salon rempli de photos, les gros divans ont l'air de s'être endormis la bouche ouverte. Le mois de juillet n'arrête pas de pleuvoir.
Nuageuse, je me traîne les pieds sur la moquette, de la table au foyer, au divan qui ronfle, je dois être en train de nous chercher quelque part. Ton café prends du temps à s'écouler du filtre, c'est la troisième fois que tu vas voir s'il est prêt. Le plancher craque quand tu reviens vers moi, les mains vides.
On est assis côte à côte, sur le divan qui bave, ta mère est sur la route quelque part à New-York et ton père est parti ce matin dans une ville anglophone dont le nom m'échappe. C'est étrange d'être tous les deux seuls chez tes parents. Tu me dis que la maison te déprime, que sa noirceur t'aspire – elle me happe aussi, tu le sais. On dirait que le divan fait deux kilomètres de large.
T'es loin et j'ai perdu mes lunettes.

9 commentaires:

  1. Suzanne! Tu es donc bien bonne! Super beau texte. J'y vois de la douceur, des malaises, plein d'autres affaires. Je suis trop fatiguée pour faire un commentaire cohérent et constructif mais je veux juste dire: j'aime vraiment te lire.

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  2. Ca tombe bien, j'aime vraiment te lire aussi!

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  3. ha ha je te reconnais

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  4. Mais mais mais...Je crois qu'il y a erreur sur la personne.
    Ou un pan de ma vie m'échappe.

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  5. Je relis ce texte. Encore.
    Vraiment, je le trouve limpide. Dans son opacité.
    Le café pris dans le filtre... quelle image !

    Maxime

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  6. Je rerelis.
    N'empêche, après tout. Est-ce que la dernière phrase ne conclurait pas un peu vite l'ambiance du texte en déclarant : "T'es loin..." ?
    Cette phrase rassure, alors que le texte étouffe. Simplement la phrase : "On dirait que le divan fait deux kilomètres de large et j'ai perdu mes lunettes. ", bien que trop longue, me semblerait suffire.
    Ou alors, une looongue suite à ce texte, ce serait bien aussi.

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  7. Je le voyais plus comme une tête qui se détourne.
    Je cherchais cette coupure.
    Mais une suite, c'est un beau défi.

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  8. J'aime tout de ce texte. Ton style singulier me plaît. Bien entendu je demeure muet d'attentes devant ton défi: impatient de lire la suite.
    Phrases courtes, moyennes et-ou longues, je viendrai m'accorder à la danse de tes mots.
    s'lut!

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  9. texte à publier tel quel
    j'aime la chute

    jean-Marc

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