26 juil. 2009

Prélart et Cie

Couchés sur le prélart jauni, toi tu critiquais Monique Leyrac qui chantait trop sec et moi je voulais des enfants. Tu t'es mis à chanter par dessus elle tout doucement j'avais ta voix qui me faisait des bisous derrière les oreilles et moi je me demandais comment ce serait si tu avais été mon papa.

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Les jambes en papillotte et les yeux bouillants, elle enlevait ses petits souliers rouges et les déposait au pied du mur de la salle à manger. Elle savait qu'il la regardait à la dérobée, elle savait qu'il devinait son humeur de brique. Il renversa trois gouttes de sauce sur la nappe et elle se mit en colère, pourtant elle savait qu'il allait renverser quelque chose, pourquoi avait-elle choisi cette belle nappe?
Dans ses petits souliers rouges, une araignée tissait sa toile.


*****

C'était il y a deux ou trois semaines, je ne sais pas si tu te rappelles, de toute façon ce n'est pas grave.
Il faisait déjà nuit noire et le chant des grenouilles nous parvenait par la fenêtre, enterrant la radio qui chuchotait. Je devais avoir bu un peu trop de vin, j'avais le sourire qui figeait aux deux-tiers. On s'est couchés sur le prélart jauni de la cuisine, si ma mère nous avait vus elle aurait hurlé, « T'es pas une moppe! » mais il n'y avait personne.

4 commentaires:

  1. Le deuxième fragment (je vois ça comme trois fragments indépendants l'un de l'autre, peut-être que je me trompe) est vraiment percutant... J'aime l'image de l'araignée qui tisse sa toile!

    Le premier fragment est également très réussi. Par contre le dernier me parait moins... je ne sais pas...achevé. Il n'est pas mauvais (loin de là), mais certaines tournures de phrase me fatiguent un peu ("le sourire qui figeait aux deux-tiers"... je comprends ce que tu veux dire mais je ne suis pas certaine d'aimer la façon dont c'est formulé).

    Mais la dernière phrase est très bonne.

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  2. Toutes sortes de choses à dire sur ces textes ! Contrairement à Valérie, je préfère le dernier. J'aime beaucoup le sourire aux deux-tiers. (que je trouve beaucoup plus heureux que les "trois-quarts de l'allée" de Peter Lapointe.) Mention à des phrases-éclair.

    Les jambes en papillotte et les yeux bouillants

    elle savait qu'il devinait son humeur de brique

    Couchés sur le prélart jauni, toi tu critiquais Monique Leyrac qui chantait trop sec et moi je voulais des enfants.

    J'aime aussi ce retour du prélarts du premier au dernier texte.

    Par contre, je trouve que des lourdeurs d'écriture ralentissent la lecture pour rien. Voici ce que je remarque, en tas.

    -"...je me demandais comment ce serait si tu avais été mon papa." Le temps est bizarre. Il faudrait dire "comment ce serait si tu étais mon papa" Enfin, me semble.

    -"Il renversa trois gouttes de sauce sur la nappe et elle se mit en colère, pourtant elle savait qu'il allait renverser quelque chose, pourquoi avait-elle choisi cette belle nappe?"
    C'est un peu une avalanche de il et de elle, j'en perds des bouts.

    -"C'était il y a deux ou trois semaines, je ne sais pas si tu te rappelles, de toute façon ce n'est pas grave."
    Cette phrase me semble amoindrir le reste du texte. Elle n'est pas nécessaire. Et on sentira bien, justement, que ce n'est pas grave. Pas besoin de le dire.

    -"Il faisait déjà nuit noire et le chant des grenouilles nous parvenait par la fenêtre, enterrant la radio qui chuchotait."
    Par commodité, je ne sais pas s'il est nécessaire de mentionner la fenêtre. Elle est implicite dès qu'on sait que l'action se situe dans une cuisine. Ça donnerait : "Il faisait déjà nuit noire et le chant des grenouilles enterrait la radio qui chuchotait. "

    Et, comme Valérie, j'adore la finale. Cet univers en suspension appellerait peut-être d'autres textes... ?

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  3. j'aime le ton et
    je suis d'accord avec les commentaires
    texte à retravailler dans l'attention aux détails

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